C'est encore moi , je précise que le témoignage écrit de ce vétéran nous est donné lors d'une A.G , JEAN-MICHEL EST DCD depuis, l'avocat qui était désigné par notre asso n'a pas eu le temps de récolter son témoignage, lui bien sûr ne pouvait plus parler c'est sa femme qui s'est exprimée .
Ce témoignage n'est pas de faire un nouveau procès , je précise simplement que jean-michel était un appelé .
Voici son écrit, sa femme n'a pas désiré publier son nom de famille, jean-michel d'après ses dires était le seul survivant .....
En mai 1968, je suis embarqué sur le
BAA 9081, amarré face au blockaus de Dindon (pointe de mururoa) en pleine zone contaminée;
Notre quotidien se passe torse nu , en sandalettes, avec baignades dans le lagon.....
A la suite d'un tir , l'autorité militaire donne l'ordre aux navires de regagner leur mouillage, en oubliant que le notre se trouvait juste sur le lieu du tir .Nous voila donc en pleine nuit , face au blockaus , au milieu des cocotiers en feu et des poissons morts;
Nous faisons les mamoeuvres pour amarrer le bateau,sans protections comme d'habitude.Au lever du jour , les hélicoptères se posent avec les grosses têtes(dont le ministre MGallez) bien à l'abri dans leurs combinaisons.
Tous s'étonnent de nous voir (ou font semblant d'être surpris).
Au milieu de la zone contaminée et interdite, on nous inspecte sur tout le corps pour controler si nous n'avons ni coupures, ni égratignures, puis on nous ordonne de prendre une douche.
Quelques heures plus tard le Commandant nous avertit que nous appareillons pour les îles Gambiers, pour une durée de 15 jours .Ces "soit-disant vacances"semblent plutôt une excuse pour nous soustraire aux journalistes.
La décision de suspendre les essais nucléaires est prises fin 1968, et Papeete devient notre base.Dès notre arrivée , nous passons une premère fois au caisson de décontamination.j'y passerai une seconde fois avant de rejoindre la métropole , en mai 1969.
A l'age de 49 ans , on me découvre un cancer aux ganglions , le traitement utilisé me laisse des séquelles dues aux effets secondaires des rayons X .
Le professeur qui m'a soigné nomme cette maladie " le cancer sans porte d'entrée", car actuellement , nul ne sait encore en déterminer la cause...peut-être la radioactivité".
Je me demande bien pourquoi l'Etat Français nous a expédié à 20 ans dans ces sites contaminés.
sans nous fournir la moindre explication , la moindre protection, si nous étions tous ignorants des risques encourus, l'Etat, lui les connaissait sûrement mais cela ne l'a pas empêché de nous laisser tomber après la démobilisation.
Voici une histoire du 9081 qui illustre , parmi tant d'autres, l'inconscience de ceux qui nous ont conduits à la maladie, et pour certains au décès
amitiés à vous .
jean-michel L ........
J'ai recopié sa lettre . et la garde ....

[u]
Il n'a pas eu aussi un pendentif , ni un pavillon tricolore sur son cercueil
Kenavo.....